Principales règles typographiques pour les articles scientifiques

Si on en croit les éditeurs de journaux, pour écrire un bon article scientifique, il est préférable d’être bon typographe que bon scientifique. Voici donc un résumé des principales règles typographiques à adopter pour la rédaction d’un joli, si ce n’est bon, papier. Sauf mention contraire, je ne donnerai ici que les règles anglaises (ex : Chicago Manual of Style).

Mathématiques

Symboles

Suivant le type d’objet que vous définissez, il convient d’adopter une certaine rigueur, rigueur qui peut rapidement se systématiser grâce au package isomath, qui permet de s’assurer du respect de la norme ISO. Le tableau suivant résume les principales règles :

Typo-math Comme souvent sous $latex \LaTeX$, il existe plusieurs façons d’obtenir les polices correctes ; le recours au package isomath n’est donc pas forcément nécessaire.

Dans les fonctions standard, j’inclus aussi les opérateurs habituels, tels que différence (Δ), petite différence (δ), opérateur différentiel (d) etc. Aux fonctions de bases proposées par amsmath (sin, asin, sinh etc., liste complète page 17 du manuel de amsmath), il est possible d’ajouter de nouvelles fonctions avec la commande \DeclareMathOperator. Exemple :

\DeclareMathOperator{\erf}{erf} % Fonction d'erreur

Si « e » est bel et bien une constante mathématique, il est tout de même déconseillé d’utiliser la forme exponentielle pour cette fonction (lui préférer la forme « exp », comme dans mon tableau).

Il est toléré d’omettre la parenthèse pour l’argument des fonctions standard, celui-ci étant alors séparé de la fonction par une espace fine (générée automatiquement par $latex \LaTeX$).

Indices et exposants

Si un indice fait référence à une variable ou une grandeur physique, alors celui-ci doit être en italique (conformément au tableau précédent). Par contre, si un indice sert à abréger une notation, il doit être écrit droit. Ex :

Indices

Fractions

Dans une équation centrée, on mettra clairement en forme les fractions (commande \frac{}{}), sans se soucier de l’encombrement.

Dans du texte, il faut faire attention à l’encombrement vertical. L’utilisation de \frac est donc à proscrire. On lui préférera simplement une barre oblique « / » ou une version plus compacte avec la commande \nicefrac{}{} (fournie par le package éponyme).

Espaces dans les équations

Les opérateurs mathématiques binaires (+, -, =, \times etc.) doivent être suivis et précédés d’espaces, sauf la division (aucun espace). Mais $latex \LaTeX$ a le bon goût de gérer nativement ces espacements. Si vous voulez définir un nouvel opérateur binaire (par exemple « % ») pour qu’il réponde à cette règle, il suffit d’utiliser la commande \mathbin :

\begin{equation}
x \% y \quad x \mathbin{\%} y
\end{equation}

Binary

Vous avez tout à fait le droit de terminer une phrase par une équation, auquel cas vous devez bien sûr la terminer par un point. Pour indiquer que ce dernier ne fait pas partie de l’équation, il convient de le séparer d’une espace fine (\, ) :

Ponctuation-eq

Let $G$ be the free energy:
\begin{equation}
G=H-TS \,.
\end{equation}

Cette règles s’applique tout autant aux virgules.


Unités

Les unités doivent être écrites en roman, séparées de la valeur par une espace fine insécable. Je ne saurais trop vous conseiller d’utiliser SIunitx pour le respect de ces règles.


Ponctuations

Contrairement à la typographie française, il n’y a jamais d’espace avant une ponctuation. Il y en a toujours une après.

En ce qui concerne les guillemets, ceux-ci dépendent du dialecte anglais que vous adoptez : en anglais britannique, on utilise les guillemets simples, tandis que les américains préfèrent les guillemets double :guillemets

Sous $latex \LaTeX$, pour obtenir de beaux guillemets simples ouvrants (plus jolis que sous WordPress donc…), il faut utiliser l’accent grave (touche 7) ; pour le fermant, c’est l’apostrophe (touche 4). Pour les doubles guillemets, il suffit de doubler les commandes précédentes.

Enfin, nous francophones y sommes peu habitué, pensez à la virgule d’Oxford !


Références croisées

Quand vous faites références à un tableau (« table »), il convient de mettre une majuscule à « Table ». Cette règle s’applique aussi aux figures. L’espace insécable est obligatoire avant chaque référence :

See Figure~\ref{fig:toto} and Table~\ref{tab:toto}.

Pour faire référence à une équation, on utilisera \eqref (et non pas \ref). Il est alors inutile de préciser que l’on parle d’une équation. Ainsi, à la place de :

The solutions of equation~\ref{eq:toto} etc.

On écrira :

The solutions of~\eqref{eq:toto} etc.

Cette dernière règle admet une exception : si une phrase commence par une référence à une équation ; auquel cas on devra écrire :

...Blablabla. Equation~\eqref{eq:toto} can be solved etc.

Tableaux

Les notes de chaque tableau doivent se trouver en bas de ceux-ci (voir l’exemple ci-dessus, et voir ce billet pour la mise en œuvre).

Les séparateurs verticaux ne sont jamais dessinés. A priori, le choix des séparateurs horizontaux ne compte pas, car c’est l’éditeur qui remettra en forme les tableaux pour la version publiée, mais vous pouvez toujours regarder du côté de booktabs pour un rendu similaire à celui présenté plus haut.


Légendes

Les légendes doivent se trouver avant les tableaux, et après les figures. Si vous avez au moins une légende longue qui nécessite plusieurs phrases, alors il faut terminer la dernière par un point ; et pour maintenir la cohérence typographique, il faut alors un point final pour toutes les légendes du document.


Listes

Les éléments des listes doivent commencer par une majuscule et finir par un point si, et seulement si, ils forment des phrases complètes.

Les listes numérotées (enumerate) ne doivent servir que s’il y a une notion d’antériorité ou si vous souhaitez par la suite faire référence à ces éléments. Si vous imbriquez des listes numérotés, il faut alors changer de style de numérotation (ex : 1. 2. 3. pour le premier niveau, a) b) c) pour le second).

Notes en bas de page

Pour les articles de journaux, les éditeurs déconseillent les notes en bas de page pour les articles, mais en tolèrent une utilisation épisodique. Pour les ouvrages, vous pouvez vous faire plaisir.

En ce qui concerne la mise en forme, il n’y a pas (à ma connaissance) de règle très précise. Évitez les symboles (ex : « * ») si vous prévoyez d’avoir plusieurs notes par page, et abandonnez l’idée des symboles tels que l’Obèle (†) et autres pied-de-mouche (⁋ ), réservés à des cas très spécifiques (affiliation des auteurs par exemple).


Acronymes

Contrairement au français, les acronymes prennent la marque du pluriel. On écrira ainsi « two CDs ». J’en profite pour vous refaire la publicité pour le package de glossaries, qui permet de gérer très efficacement ses acronymes.

A ma connaissance, il n’existe pas de règle quant à l’utilisation de points pour séparer les lettres d’un acronyme (ex : « U.S. » et « USA »).

Après les fameux « i.e. » et autres « e.g. » (préférentiellement avec les points, pas besoin d’italique), pensez à utiliser des espaces insécables.


Police

Là encore, normalement, vous n’avez pas à vous en soucier puisque c’est l’éditeur qui aura le dernier mot. S’il n’y a pas de mise forme derrière vous (pour un document interne, une thèse etc.) et que c’est à vous que revient cette décision, optez pour une police avec empattement (serif).

Évitez  les fontes « exotiques » si vous devez publier le document au format PDF : si le lecteur ne dispose pas de cette fonte, alors le rendu sera moche, sinon illisible. Mais surtout, assurez-vous d’utiliser des fontes vectorielles ! Celle par défaut (Computer Modern) est conçue spécialement pour les documents scientifiques produits pas $latex \LaTeX$, mais vous pouvez tout aussi bien utiliser Georgia ou Times, mais surtout pas Arial !


Bibliographie

Il n’existe pas de règle générale pour les références bibliographiques, le style de citation et de références variant suivant les éditeurs et les journaux.

Je conseille toutefois l’utilisation de natbib (pour disposer des commandes \citet et \citep). Mais là encore, vérifiez que les citations in-text soient tolérées (un relecteur m’a déjà dit que mon style de citation était « inconsistent » et non conforme aux règles du proceeding à cause de ça…).

Conclusion

Ce billet ne se veut pas être très exhaustif, mais résume simplement les principales sources d’erreur que l’on rencontre dans des brouillons d’article. Ainsi, votre relecteur pourra se concentrer un peu sur vos merveilleux résultats plutôt que de tiquer  à chaque équation et chaque figure.

Sachez tout de même que, en rédigeant sous $latex \LaTeX$, vous partez déjà avec un gros avantage sur les infortunés qui travaillent sous Word, dans la mesure où vous avez la quasi-certitude de ne pas faire n’importe-quoi avec la mise en page générale.

Sources

Vous trouverez ci-après quelques-une des adresses m’ayant servi à réaliser ce mémento :

  • typographie des équations mathématiques : ici
  • listes à points et numérotées : ici
  • notes en bas de page : ici
  • une réflexion sur la ponctuation en fin d’équation : ici